lundi 6 juillet 2009

Le nouvel antisémitisme dans les cercles de l'Intelligentsia européenne



par Dr' Rivka Shpack-Lissak
Le nouvel antisémitisme en Europe est nouveau stade dans l'antisémitisme et il présente une forme de discrimination contre les juifs en tant que peuple.

Le nouvel antisémitisme cache sa véritable essence en prétendant qu'il s'agit d'une critique légitime contre les actes d'Israël dans les territoires. Cependant, l'antisémitisme apparait sous l'antisionisme par le biais de la négation des droits du peuple juif à un état et la négation de la relation historique du peuple juif à la terre d'Israël, ainsi que la prétention antique selon laquelle les juifs contrôlent le monde avec leurs richesses.

Il y a en Europe trois groupes de conception antisémite: l'extrême-droite, la seconde génération d'immigrants de pays islamiques et l'Intelligentsia.

Professeur Yehuda Bauer, du Département des Etudes sur l'Holocauste de L'université Hébraïque de Jérusalem, a publié plusieurs travaux de recherche sur le nouvel antisémitisme. En 1985, son livre: "La vague antisémite dans le monde contemporain: mythe et réalité" a été publié et il a également publié des articles sur ce sujet dans plusieurs revues.

Professeur Bauer se réfère dans ses recherches aux vagues d'antisémitisme qui ont submergé l'Europe après la Seconde Guerre Mondiale. Il divise ces vagues d'antisémitisme en plusieurs contre-courants:

- La première vague - 1958 – 1960

- La seconde vague - 1968 – 1972

- La troisième vague - 1987 – 1992

- La quatrième vague – de 1999 à nos jours

Chacun de ces contre-courants a eu des origines différentes et certaines d'entre eux sont liés à des événements économiques qui se sont déroulés en Europe. Cependant, tous ces contre-courants ont une base commune. Selon Professeur Bauer, il s'agit d'un antisémitisme latent qui attend d'éclater au grand jour comme résultat d'une quelconque crise extérieure. Chacun de ces contre-courants est lié à des événements qui se sont déroulés dans le Proche-Orient, dans le système de relations entre Israël et ses voisins arabes. La première vague a eu lie après la guerre du Sinaï, la seconde a commencé après la Guerre des Six jours, la troisième après la première intifada et la guerre de la Paix du Galilée et la dernière, après la seconde intifada et tout ce qui est arrivé par la suite.

Selon Professeur Bauer, le phénomène qui caractérise toutes les vagues est que le nouvel antisémitisme est différent de l'antisémitisme tel qu'il s'exprimait dans le passé, et qui était principalement caractérisé par les couches les plus faibles de la population; il s'agit à présent de l'antisémitisme de la classe sociale moyenne et élevée. C'est un phénomène intellectuel fréquent dans les médias, les universités et parmi les cercles académiques. Il s'agit des rangs de la gauche européenne.

Deux crises ont engendré le nouveau phénomène: l'Holocauste et la création de l'Etat d'Israël. L'Holocauste a créé une gène parmi les européens vis-à-vis des juifs. Professeur Bauer définit la situation comme une vie aux cotés de 6 millions de fantômes. La situation a créé une mutation dangereuse et cruelle dans la culture européenne.

La création de l'Etat d'Israël a créé une sensation de soulagement. Les européens ont apporté leur support à la création de l'état, comme une expression de leur dégout vis-à-vis du passé antisémite et afin d'expier pour ce que les juifs d'Europe avaient subi. Ils espéraient que les juifs trouveraient en Israël leur maison.

Mais la création de l'Etat d'Israël a engendré l'aggravation des relations entre Israël et les pays arabes et une escalade du conflit israélo-arabe. Le conflit israelo-arabe a créé une véritable tragédie pour les palestiniens. L'un des principes fondamentaux de la conception de la gauche européenne est le support des peuples combattant pour leur indépendance. Au problème des refugiés, s'est ajouté le problème de l'occupation israélienne en 1967 et la gauche est foncièrement opposée à l'occupation.

Mais a présent, l'antisémitisme- qui était latent – s'est lié à la tragédie palestinienne et a donné aux juifs le label d'assassins de masses et de nazis. Cette étiquette collée aux israéliens a permis à l'Intelligentsia européenne de se libérer psychologiquement des problèmes mentaux engendrés par l'Holocauste. Dans ce contexte, les faits n'ont aucune importance. Depuis le début de la deuxième intifada, environ 2000 palestiniens ont été tués, ce qui représente 1/6 du nombre de juifs amenés de la Hongrie à Auschwitz en un seul jour, lors du printemps 1944. La gauche voit le terrorisme palestinien comme un combat contre l'occupation, une réaction contre les actions israéliennes, et non pas l'inverse. Leur support du combat des palestiniens, en tant que peuple opprimé, pour leur indépendance, les a menés à une opposition grandissante à l'existence même de l'Etat d'Israël. Parmi les cercles de l'Intelligentsia européenne, ont est arrivé à la conclusion que le support à la création de l'Etat d'Israël avait été une erreur historique indélébile.

Selon Professeur Bauer, le nouvel antisémitisme est dangereux, du fait qu'il soit né en même temps que l'antisémitisme islamique. Les médias musulmans ont adopté l'idéologie nazie en l'adaptant à leurs besoins. Des millions de musulmans sont exposés quotidiennement à une incitation génocidaire contre les juifs et contre Israël, et ainsi, les deux vagues se rejoignent, la vague d'antisémitisme européen et la vague d'antisémitisme musulman, en une menace de génocide contre les juifs. La gauche européenne s'est en fait jointe à l'Islam extrémiste et à Ahmedinijjad qui appellent ouvertement à l'extermination de l'Etat d'Israël, extermination qui amènera à l'éradication de la plupart de la population.

Professeur Bauer ne s'oppose pas à une critique contre la politique israélienne. L'antisionisme n'est pas forcement antisémite. Mais la négation de l'existence d'Israël en tant qu'état sans l'exigence de l'annulation de tous les états nationalistes – cela est de l'antisémitisme et du racisme. Ceux qui disent que seuls les juifs n'ont pas le droit à leur indépendance sont anti-juifs et quand ils excluent uniquement les juifs du principe général pour des raisons nationalistes – ils sont racistes et antisémites.



La gauche européenne dira: l'Etat d'Israël a été créé parce que les juifs ont le droit à l'autodéfinition comme tout autre peuple. La relation historique des juifs à la terre d'Israël est un fait historique indéniable. Cependant, la sensation de culpabilité de l'Occident vis-à-vis de l'Holocauste a donné lieu à la décision des Nations Unies de 1947 en faveur de la création de l'état , mais le processus a commencé en 1917, avec la Déclaration Balfour, la reconnaissance par la Société des Nations de l'établissement d'une maison nationale pour les juifs en Israël et la fondation du gouvernement mandataire britannique en 1922. L'Holocauste a accéléré la création de l'état mais elle n'est pas l'unique raison de sa fondation. Les palestiniens ont manqué l'occasion de créer un état à eux en 1937 et en 1948, et pendant toute la période entre 1948 et 1967, alors qu'ils étaient sous gouvernement arabe. Même en 1967, ils ont reçu une nouvelle occasion, quand le premier Ministre Levy Eshkol a déclaré qu'il était prêt à rendre des territoire en échange de la paix. Ce qui s'est passé suite au dédain de la proposition d'Eshkol est de la faute des deux parties.

Le nouvel antijudaïsme

Professeur Irwin Kotler est conférencier en droit à l'Université McGill et membre du Parlement Canadien. Kotler a publié un article intitulé: "Les droits de l'homme et le nouvel anti-judaisme / alerte".

Dans son article, Kotler explique la différente essentielle entre l'antisémitisme classique et le nouvel anti-judaisme. L'antisémitisme classique est la discrimination ou la négation des droits des juifs de vivre en tant que membres à statu égal dans une libre société. Le nouvel antijudaïsme isole et discrimine Israël et le peuple juif par une discrimination et une différenciation dans la scène internationale et désigne Israël et le peuple juif comme un objectif d'extermination.

Kotler propose un système d'indices pour l'identification de la nature et de la signification du nouvel antijudaïsme. Ces indices sont basées sur les principes de la discrimination et de l'égalité dans les constitutions des états et les lois internationale.

Kotler décrit 13 indices:

a. L'antisémitisme existentielle ou d'extermination – désignant les organisations terroristes appelant ouvertement à l'extermination d'Israël et au génocide des juifs, les sentences religieuses des religieux musulmans extrémistes appelant à l'extermination d'Israël et des juifs comme un devoir religieux, l'Iran appelant à gommer Israël de la carte et qui déclare son intention de faire usage de l'arme nucléaire pour effectuer un génocide.

b. L'antisémitisme politique – désignant la négation du droit du peuple juif a une autodéfinition, la négation de la légitimation et de l'existence de l'Etat d'Israël et la démonisation d'Israël, décrit comme le symbole de la violation des droits de l'homme.

c. L'antisémitisme idéologique – qui s'exprime par la décision des Nations-Unies - officiellement annulée mais dont l'impact est encore ressenti – selon laquelle "le sionisme est équivalant au racisme", la critique d'Israël comme un "pays d'Apartheid" et la diffamation d'Israël comme un "pays nazi".

d. L'antisémitisme théologique – désignant l'antisémitisme islamique qui voit dans les juifs et dans le judaïsme l'ennemi de l'Islam, et fait du meurtre des juifs un précepte religieux et l'antisémitisme théologique chrétien, qui voit en l'Eglise l'héritière du statu du judaïsme devant Dieu et par conséquent, considère que la terre d'Israël appartient à l'Eglise et non au peuple juif et que l'Etat d'Israël a été créé illégalement.

e. L'antisémitisme culturel – désignant la nouvelle tendance des cercles universitaires et intellectuels de donner à l'antisémitisme une légitimation par la négation de la légitimation de l'état d'Israël.

f. L'antisémitisme européen – désignant la nouvelle et récente éruption d'antisémitisme en Europe, qui s'exprime par l'attaque de synagogues, d'écoles, d'institutions juives, de personnes identifiées comme juifs et de propagande d'horreur contre Israël et les juifs, tout en démonisant Israël et niant le droit de se défendre contre le terrorisme. L'activité antisémite est commune à la droit et à la gauche, qui organisent des manifestations où on appelle ouvertement "Mort aux juifs".

g. L'anti-judaisme sur la scène internationale: la négation de l'égalité devant la loi d'Israël. Israël est devenue une sorte de "juif collectif" et est traité comme est traité le juif individuel par la communauté non-juive. La relation discriminative envers Israël s'exprime par la Convention de Durban contre le racisme mais elle présente un phénomène régulier parmi les différentes organisations de l'ONU et principalement par la délégation de l'ONU pour les Droits de l'Homme.

h. L'anti-judaisme administratif: la prévention de la participation d'Israël et d'organisations juives et extra-gouvernementales dans des associations régionales.



i. L'antisémitisme qui a été "formé" par la loi – après la décision de l'ONU selon laquelle le sionisme a été révélé comme une couverture de l'antisémitisme, la méthode a changé et a présent, la diffamation contre Israël se réfère au sujet des droits de l'homme. L'ONU est particulièrement actif à ce sujet.

j. L'antisémitisme économique, désignant le boycott arabe. Dans le passé, l'antisémitisme économique s'exprimait par la discrimination des juifs pour le logement, l'éducation et l'emploi mais le boycott arabe exige des compagnies désirant avoir des relations commerciales avec des pays arabes de signer un contrat exigeant d'elles qu'elles boycottent Israël, de ne pas employer de juifs et de ne pas accorder d'avancement à ceux qui sont déjà employés.

k. La négation de l'Holocauste – Les juifs sont accusés d'avoir inventé l'Holocauste, d'avoir extorqué des indemnisations de l'Allemagne et d'avoir créé Israël "illégalement" sur la terre palestinienne. La signification de ce dernier argument est la négation du passé des juifs – les palestiniens sont les réels propriétaires de la terre – et la négation de leur futur, c'est-à-dire de leur droit à un pays.

l. Le terrorisme raciste contre des juifs – désignant les tentatives de facteurs terroristes internationaux d'effectuer des actes de terrorisme contre des juifs et contre Israël, comme par exemple, les attentats du Hizbollah et d'El Kaida contre des institutions juives et la tentative d'attentat contre les tours Azrieli.

m. L'antisémitisme comme approbation gouvernementale – désignant l'encouragement d'une "culture de la haine" contre les juifs et contre Israël par des pays, cela par le biais de l'incitation dans des mosquées, des écoles et des medias, par exemple, l'utilisation des "protocoles des Sages de Sion", des diffamations de sang et de symboles et de sujets classiques d'antisémitisme.

En conclusion, Professeur Kotler met l'accent sur le fait qu'il ne s'attend pas à une attitude de discrimination en faveur d'Israël mais se contenterait d'une discrimination à l'encontre, c'est-a-dire de la création de différents critères envers Israël en comparaison d'autres pays.