lundi 15 juin 2009

ECHEC ET MAT




Par Albert Soued
http://symbole.chez.com - 8 juin 2009

"Ma Hastim" ou "Nous existons" en perse sont les 2 mots qu'on voit inscrits ou barbouillés partout aujourd'hui en Iran comme signe de résistance d'un peuple opprimé. Le mouvement s'étend à travers le pays et a donné lieu à quelques manifestations. En dehors de ce mouvement de protestation et de quelques attentats provoqués par des ethnies périphériques, le peuple ne s'est pas réellement insurgé et reste globalement passif après 30 ans d'un pouvoir islamiste qui s'est emparé de l'économie du pays.

L'exécution récente de Delara Darabi, une jeune artiste de 17 ans, pour "un crime" qu'elle aurait commis il y a 3 ans, n'a pas provoqué d'émeutes. Pourtant c'était un meurtre officiel délibérément exécuté pour l'exemple. Les derniers mots de cette jeune fille: "Je prie pour qu'un jour chacun puisse aimer, et que nous soyons tous les invités de la grande fête du Seigneur"

C'est que le pays est bien quadrillé et pillé par les Gardiens de la Révolution dont le chef est le Guide Suprême, Ali Khamenei, qui a pratiquement tous les pouvoirs, notamment sur l'armée et la stratégie nucléaire du pays. Il a choisi de restreindre la liberté du citoyen dans le but de le "subjuguer dans un état de pureté et de dureté sur le plan de la doctrine islamiste". Ce vieillard choisit les candidats à la présidence et, parmi 475 candidats cette année, il en a choisi 4 dont il est sûr qu'ils appliqueront la politique qu'il a définie. Le 12 juin 2009 le peuple sera "libre" de choisir son président pour 4 ans, parmi les 4 candidats sélectionnés (1).

Il est possible, mais non certain qu'Ahmedinejad soit lâché, du fait de ses échecs socio-économiques et de ses diatribes trop virulentes qui ont fait de lui un paria à l'étranger. Mais M Moussawi un présidentiable qui a critiqué son adversaire sur le déni inutile de l'Holocauste et qui a quelques chances de gagner, s'il est élu, appliquera la même politique nucléaire et poursuivra l'enrichissement de l'uranium qui est le signe, avec le terrorisme international, de la volonté hégémonique de l'Iran dans la région et dans le monde. L'objectif lointain des ayatollahs est la revanche shiite sur les pays de la sunna et le califat (2).

Aujourd'hui, l'Iran recherche le leadership sur le Moyen Orient et, dans cet esprit, il poursuit un programme d'encerclement militaire de l'état hébreu, de sa dé-légitimation sur le plan international et de sa déstabilisation permanente. Récemment à Genève, lors de la réunion d'une instance internationale "des droits de l'homme" dite Durban II, le président M Ahmedinejad n'a-t-il pas péroré pendant 60 longues minutes pour nier la Shoah et menacer l'état d'Israël, membre de l'Onu, de génocide ? Avec les applaudissements des délégués de nombreux pays et sans que le secrétaire général de l'Onu ne le traduise en justice pour incitation au génocide, selon la procédure de 1948 adoptée par l'Onu sur "la Prévention et la Punition du Crime de Génocide".

Depuis qu'on a découvert, il y a 7 ans, le programme caché iranien d'élaboration d'une bombe nucléaire, de nombreux pays et organismes internationaux ont essayé en vain de dissuader l'Iran de poursuivre l'enrichissement de l'uranium, une des voies pour obtenir la bombe. L'Iran négocie de temps à autre pour calmer les esprits et gagner du temps. Tous les attentats subis localement n'ont fait que retarder l'échéance sans décourager une volonté de fer d'aboutir à l'hégémonie par les armes.

La dissémination du programme -- on parle de 300 sites possibles -- et les conséquences désastreuses éventuelles d'un bombardement ou d'un sabotage pour mettre fin à ce funeste dessein ont dissuadé les Etats-Unis d'intervenir, et cela depuis la présidence de G W Bush (3). Le président B H Obama tend la main à l'Islam et il vient de le répéter avec beaucoup de charisme au Caire, qui n'a pourtant pas pavoisé pour son bref passage. Menacé, Israël a obtenu que les Etats-Unis définissent une date limite aux négociations. Israël souhaitait octobre 2009, il a obtenu décembre 2009. En fait, le point de non retour est déjà atteint par l'Iran qui deviendra d'une manière ou d'une autre une puissance nucléaire de fait, sans pour autant constituer un arsenal dans l'immédiat.

Après 30 ans de guerres, d'attentats, de terreur et de manœuvres, l'Iran fait peur. Dans le jeu international, on peut dire que l'Iran des ayatollahs a déjà obtenu "échec et mat", avec les conséquences qu'on peut entrevoir d'un état-voyou, promu comme partenaire dans le club !

Notes

(1) Un des candidats à la présidence Mehdi Khazali, éminent ayatollah, prétend que le nom de famille d'origine d'Ahmedinejad serait "Saboutchian" et qu'il serait d'origine juive, pour le faire déconsidérer. On sait par son patronyme que la famille d'origine modeste de cet homme s'était convertie à l'Islam. Et certains le disaient arménien de la province nord ouest de l'Iran.

(2) Après la 1ère guerre mondiale, la Grande Bretagne s'est appuyée sur la tribu wahabite des Al Saoud du Najd arabe pour asseoir son influence au Moyen Orient. Elle fut supplantée à l'issue de la 2ème guerre mondiale par les Etats-Unis qui ont offert à l'Arabie saoudite "la protection contre le pétrole". En 2003, la base américaine de la péninsule arabique a été transférée de Dahran au Qatar, dont l'émir a fait récemment allégeance à l'Iran. Aujourd'hui, l'Iran shiite est l'étoile montante de l'Islam. De nombreux sunnites se convertissent à la shiah. Grâce aux Etats-Unis, l'Irak est aujourd'hui gouverné par des shiites, certes modérés, mais appartenant à la frange minoritaire la plus révolutionnaire de l'Islam. La Syrie sunnite est sous le joug d'une clique appartenant à la shiah. Le Liban sera sans doute gouverné par une coalition menée par le Hezbolalh shiite. Bien que sunnite, le Hamas est inféodé à l'Iran pour des raisons locales. La majorité des réserves pétrolières du Moyen Orient sont dans des territoires habités par des shiites. Il ne serait pas interdit aux Etats-Unis de s'appuyer sur un nouvel allié; c'est ce qu'on appelle en politique, le renversement des alliances.

(3) Pourtant les Etats-Unis sont autant menacés que le Moyen Orient, sur leur flanc sud. L'Iran a une présence stratégique dans un petit pays comme le Nicaragua où son ambassade a plus de 100 diplomates accrédités, protégés par des murs de 4 m de haut. L'Iran y investit 350 millions $ pour construire deux ports en eau profonde, l'un sur le Pacifique, l'autre dans la mer des Caraïbes, lui permettant de se passer du canal du Panama. Grâce aux bons offices d'Hugo Chavez, président à vie du Venezuela, il en est de même avec la Bolivie, Cuba et l'Equateur. L'influence de l'Iran est croissante au Salvador, en Colombie, au Pérou, au Brésil et en Argentine. L'Iran a établi des itinéraires au Mexique pour transférer de la drogue aux Etats-Unis où la ville de Phoenix est menacée. Les Gardiens de la Révolution Iraniens entraînent l'armée vénézuélienne. Une ligne régulière aérienne Téhéran-Damas-Caracas achemine en permanence des armes, du matériel et de la drogue. Par ailleurs, le satellite de l'Iran, le Hezbollah est présent partout en Amérique Latine où il gagne près de ½ milliard $ à travers des réseaux criminels. Le ministre de l'Intérieur et de la Justice du Venezuela, Aïssami est un membre du Hezbollah. Cette milice se trouve à tous les niveaux de l'appareil de sécurité vénézuélien, le Renseignement, les Passeports, la Police… (source Jerusalem Post - Caroline Glick - 19 mai 2009)







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