dimanche 28 juin 2009

« DEUX ETATS », un de trop



Deux Etats proposés par Netanyahou, c’est un de trop au goût des pacifistes français.

Dans son discours du 14 juin 2009, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a offert officiellement aux Palestiniens une solution à deux États pour deux peuples, redisant, pour la énième fois à la suite de tous les dirigeants d’Israël depuis sa création, la volonté de l’Etat juif vivre en paix avec tous ses voisins.

Pour autant, Netanyahou n’a pas trouvé grâce aux yeux de certains commentateurs hexagonaux : ceux pour qui Israël est de par sa seule existence un obstacle à la paix.

« Des exigences inacceptables », sur l’air de « l’usage disproportionné de la force »

Dans son discours, Netanyahou a réaffirmé le lien historique profond entre le peuple juif et la terre d’Israël et la condition sine qua non pour la paix : que le caractère juif d’Israël soit reconnu par ses voisins.

Autrement dit, ce faux-derche de fait semblant de proposer la paix alors qu’en réalité, il veut que son pays reste la patrie de son seul peuple ! Raciste, va ! Pire, même : islamophobe !

Nul doute que nos commentateurs, s’ils avaient tenu les micros à la fin de la Seconde Guerre mondiale, auraient trouvé normal que les Allemands refusent de s’asseoir à une table des négociations avec les Alliés et auraient considéré comme scandaleux que de Gaulle exige des vaincus qu’ils reconnaissent le caractère français de la France...

S’ils tiennent à être juifs, alors qu’ils soient masochistes, au moins !

Autre exigence inadmissible du juif en chef : cet Etat palestinien qu’il appelle de ses vœux doit être démilitarisé.

Démilitarisé ? Manquerait plus que ça ! Et comment ils feront, alors, les courageux résistants, pour attaquer Israël et le détruire ? Mais il n’est pas question de guerre, on parle d’un traité de paix !

Ah oui, c’est vrai ! Pourquoi, alors, nos thuriféraires hexagonaux trouvent-ils « l’exigence inacceptable » ?

Les Allemands, eux, au sortir de la Première Guerre mondiale, n’ont pas eu le choix et lorsque leurs voisins ont fermé les yeux sur leur réarmement, leur répit a été de très courte durée et leur défaite encore plus rapide.

Admettons.

Pourquoi les mêmes causes entraîneraient-elles les mêmes effets ?

Aujourd’hui, nous sommes en présence d’un peuple de colombes, les Pauvrepalestiniens, démuni face à un puissant voisin, l’Etatsionistelobbyjuif.

Les premiers, isolés sur la scène internationale au milieu d’à peine un milliard trois cent millions de coreligionnaires inconditionnels de leur cause, ont été génocidés par les seconds (un peu moins de treize millions dans le monde dont six en Israël) au point d’avoir vu leur population multipliée par quatre depuis son arrivée, il y a un peu plus de 40 ans.

De la myopie comme outil d’analyse

La myopie des commentateurs antisionistes d’aujourd’hui n’a d’égal que celle de leurs aînés qui se félicitaient des Accords de Munich. Nos élites médiatiques contemporaines ne voient pas le rapport, d’autant moins qu’elles s’adossent fermement à leur conscience immaculée : elles soutiennent les pauvres contre les riches, les faibles contre les puissants, donc les bons contre les mauvais.

Les riches, ce sont les Israéliens, évidemment : les juifs sont tous riches, ce n’est pas être antisémite que véhiculer cette évidence. Certes, de nombreux Israéliens vivent sous le seuil de pauvreté.

Mais c’est bien fait pour eux : yzavaikapas, en soixante ans d’une existence qui a débuté dans la misère et les marais, égaler voire dépasser de rassises sommités habituées à donner des leçons au monde du haut de la tribune de l’ONU. Impardonnable.

Les riches ce sont les Israéliens et les pauvres ce sont les Arabes en général et les Palestiniens en particulier. Certes, les Etats arabes possèdent 70% de l’or noir mondial, mais leurs dirigeants ne sont pas partageurs, aussi convient-il de se montrer compassionnel sans jamais chercher l’origine de ladite pauvreté, sous peine d’inverser les images d’Epinal, celle de l’usurier youpin comme celle du bicot miséreux.

De toute façon, Netanyahou est un salaud qui fait une politique de droite

De la même façon que le juif est riche, le Netanyahou est de droite. Qu’en appelant à un État palestinien démilitarisé, il se place dans la lignée de tous les Premiers ministres qui l’ont précédé, quelle que soit leur orientation politique (Yitzhak Rabin, travailliste, Ehoud Barak, travailliste, Ariel Sharon, Likoud et Kadima, et Ehoud Olmert, Kadima) ne change rien à l’affaire.

Que, depuis le début du processus d’Oslo ou presque, la démilitarisation d’un éventuel État palestinien soit comprise comme la condition sine qua non du succès du processus de paix israélo-palestinien n’entre pas non plus en ligne de compte.

Evidemment, Netanyahou prétend vouloir la paix : Israéliens et Palestiniens « vivront librement, côte à côte, en toute amitié et dans le respect mutuel. Chaque peuple aura son drapeau, son hymne national et son gouvernement propres. Aucun des deux ne menacera la sécurité ni la survie de l’autre », dit-il.

Heureusement les commentateurs français ne sont pas dupes !

Ce que l’Israélien cherche, c’est un refus des Palestiniens et pour cela, il leur impose des conditions inacceptables tout en prétendant prendre des risques en faveur de la paix.

D’où sa demande à la communauté internationale de prendre des « engagements clairs garantissant que, dans un futur accord de paix, le territoire contrôlé par les Palestiniens soit démilitarisé ».

On croira aux déclarations de paix quand Israël acceptera de disparaître

Les déclarations israéliennes en faveur de la paix sont légion et Netanyahou suit la tradition : comme le Président Obama, il affirme désirer « voir l’avènement d’une nouvelle ère de réconciliation dans notre région. (...) La paix est depuis toujours ce que notre peuple désire le plus ardemment. Nos prophètes ont donné au monde la vision de la paix, nous nous saluons en nous souhaitant la paix et nos prières se terminent par le mot paix. »

Mais s’il y croyait vraiment, il l’aurait déjà faite, cette paix, non ? Comment ça, « il faut être deux pour faire la paix » ? Encore un prétexte. Vous ne seriez pas sioniste, des fois ?

Et c’est par pure hypocrisie qu’il s’est dit prêt à se rendre « à Damas, Riyad, Beyrouth, partout, y compris à Jérusalem » pour rencontrer des dirigeants arabes et discuter des moyens de mettre fin au conflit. Il sait bien qu’il n’obtiendra pas une seule réponse positive, le salaud !

Mais pourquoi, au fait ? Pourquoi les douces colombes Pauvrepalestiniennes refusent-elles systématiquement les propositions des Sionistelobbyjuifs ? Elles perdent là une belle opportunité de confondre les faucons ennemis. Dommage qu’elles ne veuillent pas prendre ce risque...

Le lien historique des juifs avec la terre d’Israël ? Et puis quoi encore ?

« Le lien qui unit le peuple juif et la terre d’Israël existe depuis plus de 3500 ans... Notre droit de construire notre État souverain ici, en terre d’Israël, émane d’un simple fait : elle est la patrie du peuple juif, c’est ici que s’est forgée notre identité. »

Quel culot ! 3500 ans, c’est du passé révolu dont on n’a plus à tenir compte à l’ère d’Internet et des partis antisionistes. En revanche, on doit respect et réparation à une naqba âgée de 60 ans.

Ne pas confondre avec la Shoah qui, elle, avait cessé trois ans auparavant et qu’il convient de nier ou, si l’on veut passer pour un modéré, de déconnecter du Moyen-Orient et des suppliques du mufti de Jérusalem de faire enterrer les Juifs palestiniens sous les plages de cette contrée...

Benyamin Netanyahou a osé dire que la fin du conflit n’arriverait pas tant que les Palestiniens ne reconnaîtraient pas Israël en tant qu’État juif. Ce minimum imprescriptible qui présiderait sans discussion à n’importe quelles négociations entre n’importe quels adversaires est pourtant excessif dès qu’il s’agit des Juifs.

Conscient du handicap avec lequel son peuple démarre dans l’opinion publique mondiale, le Premier ministre israélien a fait une concession inattendue et inespérée : il n’a pas exigé que cette reconnaissance soit un préalable aux pourparlers, il a appelé à leur reprise immédiate sans condition préalable.

Netanyahou, y connaît rien à la comm’

Il devrait s’offrir les avis d’un vrai conseiller, un qui soit de gauche pour trouver grâce aux yeux des journalistes français, un qui a fait ses preuves auprès d’un Premier ministre, français de préférence : c’est un gage de qualité, un qui est populaire dans les pays arabes, ça faciliterait les choses.

Tiens, Pascal Boniface, il ne serait pas disponible en ce moment ?

Liliane Messika © Primo, 25 juin 2009